Jacques HAMEL, Université de Montréal, Canada
Cette communication cherche à envisager la diffusion des connaissances scientifiques dans les médias, dans les sphères politiques et journalistiques et auprès du public, concerné ou pas par les explications formulées au moyen de concepts. Elle abordera plus exactement les enjeux épistémologiques que sous-tend la communication d’explications de nature théorique en termes de discours experts, d’informations journalistiques et de connaissances pratiques destinées au plus large public. Sous l’optique de l’épistémologie comparative, la science se conçoit comme une connaissance par objet et par concept destinée à produire une représentation et tient en définitive à un jeu en vertu duquel une forme est opposée à un contenu dans l’intention de faire comprendre, pour ne pas dire expliquer. On verra que cette caractérisation de la science est suffisamment ouverte pour considérer scientifiques les connaissances élaborées en sciences sociales comme la sociologie.
Comment dès lors les explications sociologiques peuvent-elles être communiquées en termes experts, journalistiques ou pratiques ? La diffusion des connaissances théoriques requiert l’exercice de médiation susceptible de faire comprendre qu’elles sont relatives à ce jeu d’opposition d’une forme à un contenu, également à l’œuvre dans l’élaboration de la connaissance journalistique ou pratique, mais selon des visées et des modalités différentes.
L’auteur de la communication fera état de ses expériences personnelles afin d’illustrer cet exercice de médiation et les difficultés sur lesquels butent les professeurs et les chercheurs enclins à diffuser publiquement les résultats de leurs travaux et recherches. Pour ce faire, cinq questions seront discutées : 1) comment formuler et communiquer des connaissances sociologiques tout en faisant valoir qu’elles sont de nature scientifique ? ; 2) comment, en les transmettant, montrer que des connaissances qui « font science » ne se réduisent nullement à un jargon abscons et inutile ? ; 3) comment les exposer de manière à montrer qu’elles sont susceptibles d’enrichir d’autres points de vue ? ; 4) comment le faire sans laisser croire que, scientifiques, ces connaissances sociologiques doivent être considérées supérieures à ces autres points de vue ? ; 5) comment traduire des connaissances explicatives conçues en théorie en se conformant à d’autres formes — pour ne pas dire d’autres formats — de connaissance comme celles en acte dans les énoncés politiques et les discours journalistiques et médiatiques.
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