Théories du complot : défiance et mobilisation contre les autorités politiques, médiatiques et scientifiques

Depuis la Révolution française jusqu’à la pandémie de Covid-19 contemporaine, en passant par les violences interethniques en Inde ou des mouvements sectaires tels le Temple du Peuple, cette communication s’attachera à montrer comment les théories du complot, définies comme « la conviction qu'un groupe ou qu'un individu secret et omnipotent, navigant aux marges de la société, contrôle secrètement, en tout ou partie, l’ordre politique et social » (Fenster), participent à la fois de la défiance envers les autorités politiques, médiatiques ou scientifiques mais remplissent également une fonction de mobilisation d’une communauté qui se sent, à juste titre ou non, menacée socialement ou symboliquement. En tant que forme de proto-politisation et « connaissances stigmatisées » (Barkun), les théories conspirationnistes offrent en concurrence ou dans le silence des discours officiels ou savants des explications alternatives rassurantes sur le plan symbolique dans la mesure où elles donnent du sens à des situations déstructurées ou d’incertitudes sociales. 

Bio: 
 
Docteur en science politique, Université de Tours/PRIM. Les activités de recherche de Julien Giry portent principalement, depuis plus 10 ans, sur l'étude du conspirationniste dans ses différentes dimensions (politiques, historiques, sociotechniques, culture  populaire, etc.), ses acteurs sociaux (leaders conspirationnistes, citoyens enquêteurs, bouc-émissaires, militants « anticomplotistes » etc.), ainsi que des phénomènes qui lui sont connexes : rumeurs, légendes urbaines ou fake news. En outre, il s’intéresse à l’étude des populismes et des droites extrêmes aux États-Unis et en Europe. Plus récemment, son attention s’est portée, d’une part, sur les phénomènes de radicalisation et, d’autre part, sur « l’alterscience » dans sa prétention à contester les savoirs scientifiquement établis, en tout particulier à propos de la vaccination, vaccins, au point de constituer une véritable ressource politique pour des acteurs marginaux dans le champ du pouvoir. 
 
Dernières publications : 
 
« Les fake news comme concept de sciences sociales. Essai de cadrage à partir de quelques notions connexes : rumeurs, théories du complot, propagande et désinformation », Questions de communication, n°38, 2021.
 
« Conspiracism. Archeology and Morphology of A Political Myth », Diogenes, Sage vol.62, n°3-4, 2020. 
 
Avec Pranvera Tika, « Conspiracy Theories in Political Science and Political Theory. An Introduction » in Peter Knight, Michael Butter (eds.), The Routledge Handbook on Conspiracy Theories, Londres : Routledge Publishers, 2020.  
 
Avec Dogan Grüpinar, « Functions and Uses of Conspiracy Theories in Authoritarian Regimes » in Peter Knight, Michael Butter (eds.), The Routledge Handbook on Conspiracy Theories, Londres : Routledge Publishers, 2020.