La quête des organisations économiques et politiques visant à attirer l'attention du public a émergé dans les années 1950 et n'a cessé de s'intensifier depuis. Pour la science, c'est-à-dire les universités et les centres de recherche, elle a été déclenchée par une nouvelle gestion publique et la création de marchés artificiels pour les établissements d'enseignement supérieur (EES). Son impact se traduit désormais par le développement de départements de communication dont la mission va bien au delà de la publication de communiqués de presse. Cependant, pour ces établissements, la pratique de la communication persuasive (marketing, stratégie de marque, relations publiques) peut potentiellement entrer en conflit, et c'est de plus en plus souvent le cas, avec l'autonomie de la science (et la liberté de la science, telle qu'elle est garantie dans la constitution même de certains pays), mais également avec les règles de bonnes pratiques scientifiques et avec les orientations de valeur de la science telles que le « scepticisme organisé ».
S'il faut reconnaître que les universités et les scientifiques individuels doivent s'adapter à de nouveaux environnements pour concourir pour les fonds publics et les légitimer, cela ne signifie pas qu'ils doivent le faire avec les mêmes moyens que ceux utilisés par les organisations commerciales et politiques. Leurs communications s’adressent le plus souvent à des publics fictifs, leurs effets sont rarement évalués sérieusement. Ainsi l'effort reste auto-référentiel.
Mais cela ne signifie pas qu'il reste sans effets secondaires. Le phénomène global est celui d’une médiatisation de la science. Certains dommages collatéraux sont devenus visibles, par exemple, avec le débat relatif aux lignes directrices de communication de l'Université de Berne ou, plus dramatiquement, avec le scandale provoqué par l'annonce prématurée d'une analyse sanguine par l'Université de Heidelberg. Nous tenterons de trouver des solutions à ce problème.