« Changer ses gènes ? » Les défis de la communication scientifique face à la vie sociale de l'épigénétique et du génie génétique

Gene editing, CRISPR-Cas9, épigénétique environnementale, socio-génomique : ces termes qui circulent très largement dans le grand public depuis le début du XXIe siècle dessinent un nouvel horizon de contrôle et d'empowerment. "Why Your DNA Isn't Your Destiny" titrait le Times en 2010... Semblant annoncés la fin de l'ère de l'hérédité biologique héritée du XIXe siècle, ces termes suscitent tour à tour l'enthousiasme et l'inquiétude. Ils font l'objet de multiples formes de réappropriations, sociales, économiques et politiques. Dans son intervention, Michel Dubois, sociologue des sciences au CNRS, reviendra sur la manière dont les sciences sociales se saisissent des dernières avancées, génomique et post-génomique, des sciences du vivant (Dubois, Guaspare, Louvel, 2018). En renouant avec l'étude des représentations sociales de la science, il proposera un état des lieux de nos attitudes à l'égard des biotechnologies, du génie génétique et de l'épigénétique. Les résultats inédits de l'enquête Les français et la science en 2020 seront présentés et mis en perspective par rapport aux différentes vagues d'enquêtes disponibles depuis les années 1970 en France, mais également par rapport aux dernières grandes enquêtes internationales. En discutant les principaux résultats d'une série d'enquêtes consacrées à l'épigénétique et à la génétique comportementale (Dubois et al., 2019 ; Dubois, Guaspare, 2020 ; Dubois, Guaspare, Vilain, 2021), il reviendra sur la variété des mécanismes associés à la communication scientifique dans le domaine des sciences du vivant. Existe-t-il par exemple des modes spécifiques de circulation de la connaissance scientifique dans le grand public ? Pourquoi l'épigénétique semble-t-elle si attrayante ? Est-il possible d'identifier certaines 'knowledge claims' dans le discours public et, si oui, compte tenu de l'état actuel des connaissances, quel est leur degré d'exactitude ? Plus généralement encore quelles sont les difficultés auxquelles sont confrontés les chercheurs qui veulent communiquer de façon « socialement responsable » ?