Héloïse DUFOUR, Cercle FSER, France
La crise sanitaire actuelle a indéniablement mis sur le devant de la scène la nécessité de développer le lien entre scientifiques et publics dans une démarche constructive de lutte contre la méfiance face aux sciences. Parmi d’autres facteurs, l’implication des personnels de recherche pour échanger avec le grand public représente un moteur de cette démarche. Malgré cela, c’est un sujet peu étudié en France, et ce malgré des demandes croissantes des institutions aux chercheurs de s’impliquer dans un dialogue constructif entre sciences et société. Les politiques et les outils développés restent majoritairement pensés, au mieux, en fonction des besoins du public, mais non avec l’optique d’encourager, de faciliter et d’évaluer l’implication des chercheurs dans ce dialogue.
Cette communication s’appuiera sur le retour d’expérience d’une action française efficace pour engager les personnels de recherche dans la médiation scientifique, et les données collectées auprès de 1400 d’entre eux sur leurs freins et motivations à le faire. Ces résultats seront ensuite analysés à la lumière des données publiées dans d’autres pays, ainsi que des résultats originaux qui auront été collectées par le réseau EuroScitizen (COST Action 17127) sur l’engagement des chercheurs dans une vingtaine de pays européens.
Alors que les obligations administratives des personnels de recherche sont de plus en plus nombreuses, le temps apparaît comme un facteur limitant pour leur implication dans la médiation scientifique. Ils sont par ailleurs peu nombreux à être formés à ces démarches. Le programme Declics (www.declics.info) a été conçu pour faciliter l’engagement des chercheuses et des chercheurs dans la médiation scientifique, en leur offrant une opportunité clé en main, attrayante et formatrice. Il s’agit ainsi d’encourager celles et ceux qui ne sont pas déjà actifs dans la médiation scientifique à s’y impliquer davantage. Brièvement, ce programme propose aux personnels de recherche de participer à des speed-meetings dans les lycées. Ils rencontrent ainsi successivement 7 groupes de 4 à 6 élèves, avant d’échanger avec le personnel pédagogique. 4 000 personnels de recherche ont déjà pris part à Declics.
Le programme réussit à faire participer chaque année en moyenne 50% de personnels de recherche n’ayant eu aucune activité de médiation scientifique dans les 12 derniers mois, et la proportion d’entre eux qui déclarent ne prévoir faire aucune autre action dans l’année qui suivra est divisée par 3,5 après le programme. Ils sont par ailleurs 80% à déclarer se sentir mieux à même de communiquer leur science à l’issue des rencontres.
Parmi les personnels de recherche participant à ce programme alors qu’ils n’ont fait aucune autre action de médiation scientifique dans les douze derniers mois, il est à noter que 65% d’entre eux déclarent que de ne pas savoir qui contacter représente un frein pour le faire, comme le fait de ne pas être sollicité (58%) et le fait de ne pas être formé (55%).