Vulgariser la science économique comme une science et en indépendant : retour d’expérience de L'Économiste Sceptique

  Olivier SIMARD-CASANOVA, Université de Lorraine, France

Doctorant en économie, j’ai commencé à vulgariser la science économique en 2015. Mon objectif est de vulgariser l’économie “comme les autres sciences”. Je ne souhaite pas peser sur le débat politique, ce qui est souvent le cas des économistes qui interviennent dans les médias. Étant le seul à occuper cet espace, sans modèle, j’ai dû tout inventer. Après 6 ans d’expérience et 3 projets différents, je peux faire un premier retour d’expérience.

Mon premier projet s’appelait Passeur d’Éco, il a duré un an. Je l’ai transformé et élargi à d’autres thématiques que la seule économie, et il est devenu The Signal. J’ai francisé son nom en Le Signal, car il s’est avéré difficile à prononcer pour les francophones. Et j’ai fini par me concentrer à nouveau sur la seule économie, modifiant encore une fois le nom en Le Signal Économie. Avant de mettre un terme au Signal Économie, j’ai lancé une version proposant des articles payants, qui a généré quelques revenus. Après une longue pause, j’ai repris une activité de vulgarisation et c’est ainsi qu’est né L'Économiste Sceptique. L'Économiste Sceptique est un peu différent des précédents projets car il s’inscrit clairement dans la communauté sceptique – alors que les précédents se voulaient plus “larges”. Surtout, il me donne satisfaction et fonctionne très bien.

Plutôt que parler d’échecs, je préfère parler d’opportunités d’apprentissage. Et j’en ai connu un certain nombre au cours de ces années. Il ne s’agit pas de conseils, mais de simples retours d’expérience.

  • Quelle spécificité ? Qu’est-ce qui me différencie des autres ? Pour L'Économiste Sceptique, c’est l’intersection entre science économique et scepticisme scientifique sans dimension “militante”
  • Avoir un nom et un “pitch” facilement identifiable
  • Il faut avoir une idée claire de ce que l’on veut faire, et du temps que l’on veut y consacrer. Tout en laissant la porte ouverte à des évolutions.
  • Le contenu de vulgarisation n’est pas “comme un cours”. C’est différent de l’enseignement.
  • Il est fondamental de se demander à qui l’on s’adresse en produisant du contenu de vulgarisation, en permanence. C’est la grande force de L'Économiste Sceptique, d’avoir une cible claire (la communauté sceptique).
  • Produire le contenu que l’on aime, plutôt que le contenu à la mode, ou que le public demande. L'Économiste Sceptique tourne autour d’une newsletter parce que j’aime écrire. Je n’aime pas faire de montage, donc il n’y pas (plus) de vidéos. J’ai aussi résisté à des demandes d’un contenu plus “militant”, qui n’est pas ce que je veux faire.
  • Trouver le bon équilibre entre se fixer un cadre (pour ne pas se disperser) et rester flexible (pour s’adapter, et en particulier être à l’écoute du public)
  • Le modèle économique compte, afin de rendre le projet (qui est indépendant) pérenne. Ma stratégie, et ce dès Passeur d’Éco, a consisté à ne pas parier sur l’existence d’une communauté importante.
  • C’est un marathon, pas un sprint. Si on parvient à tenir la distance, ça finira par marcher.