Laura BARBIER, UL - PErSEUs (EA 7312), France
Au cours de la dernière décennie, l’environnement est devenu une préoccupation globale qui s’est inscrite dans l’agenda de nombreux pays. Des solutions sont envisagées avec l’introduction d’énergies plus propres telles que l’éolien, la géothermie et plus récemment l’hydrogène. Cependant, la volonté de protéger la planète avec des énergies renouvelables ne va pas sans soulever d’autres questions notamment celle du stockage de ces énergies. C’est le cas de l’hydrogène puisque cette solution pour la transition énergétique implique de pouvoir la stocker en souterrain. De nouvelles questions émergent donc quant à l’acceptabilité d’un stockage souterrain par le public.
Pour appréhender la façon dont le public perçoit le stockage de l’hydrogène, nous avons réalisé une enquête destinée à mettre en évidence des représentations sociales (RS), c’est-à-dire des savoirs de sens commun. Ces derniers sont porteurs de croyances, d’opinions et d’attitudes et rendent compte de la relation que les individus entretiennent avec l’objet de la représentation.
L’objectif de notre étude était de mesurer la perception du stockage souterrain de l’hydrogène par l’intermédiaire de trois composantes des RS : connaissance, pratique et implication. Grâce à un questionnaire, les participants (N=171) ont pu être caractérisés selon leur activité professionnelle (en lien avec l’hydrogène ou non), leurs connaissances, la proximité de leur habitation avec un stockage de gaz naturel. L’effet de ces caractéristiques a été observé sur les facteurs suivants : la confiance, les affects, l’utilité perçue de l’hydrogène, les problèmes environnementaux perçus et l’intention comportementale.
Les résultats ont montré que plus les individus qui sont plus familiers (connaissance, expérience, implication) sont plus confiants sur la gestion de l’infrastructure de stockage, émettent plus d’affects positifs et moins d’affects négatifs ainsi qu’une perception de l’utilité de l’hydrogène plus importante que les autres. De plus, l’intention comportementale (agir pour ou contre) est plus faible chez les personnes ayant des connaissances sur l’hydrogène et chez les personnes ayant une activité professionnelle en lien avec l’hydrogène.
En accord avec d’autres travaux (e.g., Van der Horst, 2007), la proximité n’est pas forcément un facteur d’opposition. Il semble que la distance avec stockage de gaz (objet familier dont on connait les retombés) ait des effets positifs sur la perception du stockage souterrain d’hydrogène (nouvel objet). Plus les individus sont familiers avec l’objet ou avec un objet relatif, plus l’impact est positif sur leur acceptabilité sociale. À l’inverse, lorsque les individus ne sont pas familiers, leur perception du stockage est plus négative, altérant ainsi l’acceptabilité sociale. Cette étude permet de mieux appréhender les processus de la perception du stockage souterrain d’hydrogène et valide l’idée que les positions sur la transition énergétique sont toujours sujettes à débat