Un média produit par l’université : l’art du funambule sur le fil de la diffusion des savoirs, entre communication et journalisme.
Anne-Claire JOLIVET, Université fédérale Toulouse Midi-Pyrnéées, France
Les communautés scientifiques ont le devoir de participer au dialogue entre les sciences et la société. Depuis les années 2000, en complément de leur cœur de métier – l’enseignement et la recherche, les services culturels, de communication, et /ou de diffusion des savoirs s’efforcent conjointement, et en lien avec les associations de la culture scientifique, à infuser les sciences dans le débat public. La tâche est immense, les publics sont divers et certains personnels des universités ont dû changer leurs habitudes : quitter les amphis pour des cafés, ouvrir les portes de leurs laboratoires, écrire ou parler pour des non spécialistes sur les réseaux sociaux ou dans des médias qui leur ouvrent la rédaction (comme The conversation), etc. Les sollicitations se multiplient, s’engager pour la diffusion des savoirs deviendrait presque naturel. D’autant qu’à l’ère du numérique, la quantité et la rapidité de circulation des informations disponibles rendent leur source et leur fiabilité difficiles à discerner. C’est dans ce contexte que le média en ligne Exploreur s’est créé en mai 2019.
Le défi est vertigineux. Alors en quoi développer un média scientifique régional est important ? Pour l’université fédérale Toulouse Midi-Pyrénées (COMUE), les enjeux sont d’/de :
- Offrir aux sciences et à ses acteurs/actrices une place médiatique, et en particulier à celles et ceux de province
- Diversifier les expertises entendues sur les sujets de société et ainsi éclairer l’actualité par la recherche.
- Faire découvrir la méthode scientifique – les sciences n’apportent pas de réponses toutes faites à toutes les questions, elles sont exigeantes mais ne servent pas à rien
Exploreur se veut être un média-passerelle, une marche parmi d’autres pour relier les acteurs scientifiques, les professionnels de l’espace médiatique plus généraliste, écho de la société ainsi que les divers curieux de sciences. Sa ligne éditoriale est donc comparable à un fil de funambule qui relierait :
- la communication et le journalisme. C’est la raison pour laquelle nous donnons une priorité aux sujets de société tout en se dégageant de l’actualité chaude institutionnelle (dernière publication et dernier projet financé).
- plusieurs disciplines pour croiser les expertises, et ainsi s’éloigner d’un discours de prescription de la vérité pour privilégier l’expression de résultats en lien avec des méthodes et des corpus restreints.
- les acteurs de la recherche et leurs partenaires en offrant des informations précises et fiables sur la vie de la recherche de « proximité ».
En 2021, l’université et ses acteurs maintiennent leur engagement pour lutter contre l’obscurantisme et les théories du complot. Pour autant il s’agit d’être lucide sur leur force de frappe au temps des GAFA et des réseaux sociaux, en développant des dispositifs qui, certes offrent une information utile et de qualité mais qui, en complément, sensibilisent et structurent la place des sciences dans les médias plus largement.