Valérie MALLET, Université de Lorraine - Direction de la Documentation et de l'Edition, France
Marianne BEGIN, Université de Lorraine - Direction de la Documentation et de l'Edition, France
Frédérique PEGUIRON, Université de Lorraine - Direction de la Documentation et de l'Edition, France
François ALLARD-HUVER, Université de Lorraine - UFR SHS Nancy - CREM (Centre de Recherche sur les Médiations), France
Emilie LEROMAIN, Université de Lorraine - Direction de la Documentation et de l'Edition, France
Si le phénomène des fake news n’est pas récent, les réseaux sociaux en sont une chambre d’écho qui nous donne à voir que la bataille contre les idées fausses, l’obscurantisme ou les idées complotistes que les philosophes des Lumières entendaient gagner par l’éducation des esprits et l’exercice de la raison est loin d’être terminée.
La faiblesse des connaissances scientifiques et du niveau de confiance dans la science, révélés au sein de sondages réguliers, reflètent-ils l’échec de l’organisation d’une éducation de masse qui n’aurait pas tenu ses promesses ?
La nécessité de permettre à chacun d’accéder à « la culture en train de se faire » selon l’expression d’Augustin Girard, collaborateur d’André Malraux et la réaffirmation parmi les missions de l’Université française, de la diffusion de la culture et de l’information scientifique et technique, peuvent-elles être encore considérées aujourd’hui comme des moyens d’assurer la réduction des inégalités sociales et culturelles et d’obtenir un capital culturel transmis par l’institution et non juste hérité comme le dénonçaient en leur temps Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron?
Si les bibliothèques universitaires ne sauraient répondre à ces questions dont les enjeux dépassent largement leur périmètre, elles sont en revanche partie prenante et à même de par leurs missions de s’en emparer pour tenter de répondre à leur manière à ces défis dont nous devons nous préoccuper si nous souhaitons demain continuer à avoir des citoyens apprenants et armés pour participer à la vie démocratique selon le modèle de société dans lequel nous évoluons.
De quels outils disposent-elles ? Quelles stratégies ont-elles mises en œuvre en accord avec leur tutelle pour jouer leur partition dans le cadre des plans élaborés pour la réussite des étudiants ?
Nous tâcherons de montrer à travers l’expérience des bibliothèques universitaires de Lorraine, comment les professionnels de la documentation se sont avérés être un partenaire efficace aux côtés des enseignants-chercheurs pour relever ces défis. En effet, pour participer au développement de l’esprit critique des étudiants, les bibliothécaires ont dû dépasser leur posture de fournisseurs de collections académiques pour s’adapter et venir enrichir leurs pratiques informationnelles, en leur montrant comment vérifier des données et en les incitant à croiser les points de vue. Quant à l’ouverture culturelle et la médiation scientifique, les BU ont su saisir l’opportunité d’être des lieux restant très fréquentés, malgré le développement du numérique, pour offrir une programmation à même de susciter la curiosité de leurs usagers.
Enfin nous essayerons d’élargir le champ de la réflexion en apportant des éléments quant au rôle actuel et futur des bibliothèques universitaires dans une perspective plus sociologique ainsi qu'une réflexion sur les processus de médiations de l'information dans un environnement médiatique changeant.