Emmanuelle SIMON, CREM, France
Fabienne HEJOAKA, LPED, France
Basée sur l’analyse réflexive de trois dispositifs de vulgarisation scientifique, cette présentation – inscrite dans l’axe 3 de l’appel à communication – interroge les ressorts de « rencontres manquées » entre les chercheur.e.s et les publics. En tant que chercheures en anthropologie et en sciences de l’information et de la communication, les contributrices proposent d’analyser les obstacles auxquels elles ont été confrontées dans la mise en œuvre de dispositifs de vulgarisation scientifique élaborés dans le cadre de recherches menées en France et en Afrique de l’Ouest sur l’expérience et le vécu de maladies chroniques et du handicap. Ces dispositifs sont respectivement :
1) une pièce de théâtre sur le vécu de parents d’enfants atteints du syndrome de West (https://www.entrelesactes.com/)
2) une chanson sur l’ostéoporose en France (https://www.univ-lorraine.fr/chansonrecherche)
3) une BD en ligne sur l’annonce du VIH aux adolescents séropositifs (https://www.yegelhiv.com).
Un des ressorts de la création d’une perspective commune est la « rencontre effective » entre les chercheur.es et les publics. Il s’agira donc d’interroger le fait que la vie sociale des dispositifs de vulgarisation élaborés avec des médiateurs ou des créatifs (illustratrice, metteur en scène) peuvent parfois être cantonnée à la production et à la diffusion. Une place mineure est laissée au suivi de leur réception et à leur appropriation par les publics imaginés. Les « ratés » des dispositifs mettent en exergue le fait que la vulgarisation scientifique est parfois conçue comme un « one shot », ou autrement dit, l’étape finale d’un processus linéaire.
Dans un premier temps, la communication interrogera les spécificités de la vulgarisation scientifique en sciences humaines et sociales (SHS) et ce d’autant plus lorsqu’elles abordent des sujets difficiles et « sensibles » comme la maladie et le handicap. L’enjeu est alors de restituer des résultats aux personnes directement concernées, voire impliquées dans le processus de recherche, et non pas seulement à un large public. Les échecs des projets de vulgarisation en SHS sont alors parfois à rapporter à la « fabrique » même de la recherche (ex. qualité de la relation d’enquête).
Dans un deuxième temps, la réflexion portera sur la boîte noire du dispositif de vulgarisation en lui-même. Les « rendez-vous » manqués avec les publics « concernés » qui peuvent venir de l’inadaptation des outils élaborés (trop ludique ou trop grave), d’une médiation technique privilégiée à la médiation humaine, d’identification floue des publics ciblés (concernés versus grand public) ou de la discordance des attentes entre les parties prenantes (patients versus soignants). Pour conclure, nous reviendrons sur les intentions de communication des différents acteurs aux différents moments du processus et souligneront qu’elles peuvent parfois céder à l’instrumentalisation de la vulgarisation au service de la communication institutionnelle.