Benjamin BARBIER, University Paris Nanterre, France
Marta SEVERO, University Paris Nanterre, France
Ces dernières années, les institutions culturelles françaises ont porté une nouvelle attention au citoyen et ont compris l’importance de sa participation dans leurs activités scientifiques (construction d’inventaires, indexation et annotations de documents, etc.). Ce phénomène n’est pas simplement lié à l’affirmation des recherches culturelles participatives mais il doit également être associé à l’élargissement de l’accès aux technologies numériques qui ont permis d’impliquer davantage le public dans des dispositifs collectifs de production de connaissances. De nombreux projets impliquant à la fois des institutions et des contributeurs issus du grand public ont donné naissance à des plateformes contributives culturelles, c’est-à-dire à des dispositifs numériques qui permettent à des citoyens de contribuer à la construction de savoirs liés à des objets culturels en interaction avec une institution scientifique et/ou culturelle. Le projet ANR Collabora, dont les membres adhèrent au réseau Particip-Arc, a construit un observatoire de ces plateformes (http://anr-collabora.parisnanterre.fr/). A ce jour (janvier 2021), l’observatoire a collecté à travers une démarche participative 102 plateformes contributives dans des domaines allant de l’archéologie à la bande-dessinée, en passant par l’histoire, la généalogie, le patrimoine, l’urbanisme etc.
Notre grille d’analyse nous a permis de faire émerger un ensemble de tendances générales à propos des objectifs visés par ces plateformes, des différents moyens mis en place afin d’y parvenir, des outils de documentation de la recherche mis à disposition, de la question du rôle des citoyens-contributeurs au sein de ces dispositifs ainsi que des problématiques d’autorité concernant les données produites et leur statut.
Cette communication présentera les principaux résultats de cet observatoire en les articulant selon trois axes.
Dans un premier temps, nous approfondirons le rôle des dispositifs numériques comme outils de co-construction et de transmission des savoirs. Au travers des différents exemples venant de l’observatoire, nous approfondirons les différentes modalités de participation en nous appuyant sur la catégorisation des sciences participatives proposée par le rapport Houllier qui s’appuie à son tour sur celle définie par Muki Haclay.
Nous interrogerons ensuite la manière dont se met en œuvre, au travers de ces dispositifs participatifs, un dialogue constant entre institutions détentrices d’autorité en matière de science et citoyens désireux de produire des connaissances, souvent dans des domaines où ils bénéficient d’une expertise qui leur est propre.
Enfin, nous nous appuierons sur notre corpus afin d’identifier les différentes solutions mises en place pour la gestion et mise à disposition de données produites à travers les plateformes. Une attention particulière sera portée aux outils et méthodes de documentation de la recherche utilisés pour impliquer au mieux les publics.