Romain JULLIARD, Mosaic - Muséum, Sorbonne Université, France
les sciences participatives 2.0 : big quality data et intelligence artificielle collective
Les sciences participatives sont souvent associées au paradigme « big data » : collecter en masse des données simples pour adresser des questions complexes. L’expérience Vigie-Nature du Muséum nous indique qu’une autre voie est possible tout aussi prometteuse : des données plus exigeantes et ambitieuses mais également une participation plus engageante et transformative. A travers les différents programmes de suivi de la biodiversité proposés à des réseaux d’observateurs variés, notamment conçus pour des publics sans connaissance naturaliste préalable, nous avons fait deux constats. D’une part, loin d’être rebutante, une certaine complexité dans ce qui est demandé peut au contraire être engageante, notamment sur le long terme, en permettant une expérience de participation qui continue à s’enrichir au fil du temps. D’autre part, le partage des données entre les contributeurs a un double effet essentiel dans ce genre de dispositif: (i) enrichissement et contrôle qualité des données ; (ii) mise en place d’une communauté « apprenante » de participants qui montent en compétence individuellement et collectivement.
Si ces constats peuvent sembler aller de soi une fois énoncé, ils s’avèrent en fait en profonde contradiction avec l’orthodoxie de la production scientifique de données et laisse penser que les sciences participatives ne transforment pas seulement la nature des données produites et les participants eux-mêmes, mais aussi la manière de faire de la recherche.