ePOP, un dispositif de médiation scientifique pour nourrir un dialogue intergénérationnel et multi acteurs sur les crises environnementales

  Marie-Eve MIGUERES, Institut de Recherche pour le Développement, France
  Grégoire MOLINATTI, Université de la Réunion, France
  Pascale CHABANET, Institut de Recherche pour le Développement, France

Les crises environnementales (réchauffement climatique, érosion de la biodiversité, pollutions des sols et des eaux...) auxquelles sont confrontées nos sociétés contemporaines suscitent des débats publics à la fois sur leurs causes, leurs conséquences et les réponses à y apporter. Ces questions socialement vives sont nourries par des controverses qui engagent des incertitudes, qui sont expertisées et médiatisées. Envisagées par la sociologie pragmatique comme des jeux d’acteurs et d’arguments (Chateauraynaud & Debaz, 2017), ces controverses publiques engagent, pour les acteurs des valeurs, des connaissances et leur perception tangible des problèmes. L’expertise scientifique occupe historiquement une place importante dans la construction sociale de ces problématiques.  Pour autant, cette expertise souffre d’une crise de légitimité. Le champ des recherches sur la médiation scientifique (sciences de l’information et de la communication, didactique des sciences) a logiquement pris pour objet ces questions. Depuis les travaux fondateurs d’A. Irwin pointant la prédominance du modèle descendant (deficit model) de communication des sciences, des spécialistes vers les profanes, les institutions et les acteurs de la médiation scientifique, se sont engagés dans un mouvement réflexif visant à faire émerger, non sans quelques contradictions, des dispositifs de médiation à même de développer la citoyenneté scientifique (Public engagement with Science, Irwin, 2014).
C’est à un dispositif de ce type que nous consacrons la présente réflexion. Le dispositif « ePOP, petites ondes participatives »[1] donne la parole aux populations affectées par les changements globaux, sous forme de courtes vidéos réalisées par de jeunes « ePOPer » (15-30 ans) avec leurs smartphones. Le dispositif diffuse cette parole du local à l’international, la met en dialogue avec les scientifiques, les décideurs et des acteurs multiples pour s’engager vers un développement durable. Entre compte rendu d’innovation et pratique réflexive de la communication scientifique, nous préciserons en quoi et comment ce dispositif est susceptible de nourrir le dialogue entre sciences et sociétés. Nous focalisons ce retour réflexif sur l’analyse des discours d’une dizaine de chercheurs lors de leurs réactions aux vidéos, ou de leur participation aux projections-débats « AfterPOP » au cours desquels les savoirs non scientifiques médiés sont mis en dialogue avec les savoirs scientifiques. Nous discuterons comment ces chercheurs, rencontrés en entretiens, pensent leur fonction de médiation au sein du dispositif.

[1] Porté par l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD) et RFI Planète Radio (groupe France Médias Monde), le réseau ePOP se déploie depuis 2017 dans une quarantaine de pays, notamment en Afrique de l’Ouest et dans l’océan Indien (https://epop.network/le-concept-epop/)
 

Document 1 : Document 1

Document 2 : Photo ePOP