Séverine MARTRENCHARD, Institut des Sciences Moléculaires d'Orsay (CNRS/université Paris-Saclay), France
Le terme « communication » peut être sujet à des interprétations multiples qui vont de la publicité à l’information. Nombreux vulgarisateurs scientifiques s’attachent à faire en sorte que le message transmis soit entendu de leurs interlocuteurs, mais une telle information « descendante » est-elle la mieux adaptée ?
Par ses actions décentralisées présentées dans les précédentes interventions, Chimie et Société a constaté que la médiation face public via l’expérimentation permet d’initier des échanges très intéressants. Cette nécessité de considérer le point de vue du public, notamment sur des sujets « sensibles », apparaît incontournable.
Les débats contradictoires des scientifiques, dans le contexte sanitaire actuel, qui pour nous, sont normaux, ont semé le doute dans les esprits non avertis. Sur ce point, notre rôle est d’expliquer que c’est ainsi que fonctionne la recherche.
Par ailleurs, dans son domaine d’intervention légitime, Chimie et Société se préoccupe de la méfiance du public par rapport à sa discipline. Elle a la volonté de servir de facilitateur entre différentes communautés (scientifiques, industriels, media, associations de consommateurs) pour tenter de rétablir un dialogue constructif. Identifier les objectifs de chaque communauté et engager chacune à entendre les arguments des autres sont les bases nécessaires pour y répondre. Ainsi, en 2019, lors du grand congrès IUPAC (International Union of Pure and Applied Chemistry), nous avons organisé le symposium « Chemistry and Society ». En table ronde, des représentants internationaux des différentes communautés ont pu exprimer leur point de vue, faisant ainsi un premier pas vers les autres. Cette session était ouverte au grand public pour qu’il accède aux réflexions et démarches conduites par les scientifiques et leurs détracteurs, mais sa participation n’a pas été à la hauteur de nos attentes. Nous avons pu malgré tout mesurer l’intérêt de la communauté des chimistes pour cette interaction avec la société car il ne s’agissait pas de se limiter à la diffusion des connaissances ou au leitmotiv « de toute façon, vous avez besoin de nous », mais de réfléchir à la perception de notre discipline par la société : c’est toute la différence entre Chemistry AND Society et Chemistry FOR Society. Nous pensons que cette expérience doit être renouvelée aux échelles nationale et locale et que sa multiplication peut être une piste d’accès à une meilleure compréhension mutuelle entre scientifiques et public.