Monica BAUR, UCLouvain, Belgium
Cette communication souhaite réfléchir sur un type de vulgarisation en particulier, à savoir le débunkage sur YouTube, que nous avons analysé dans le cadre d'un article (revue Communication, sous presse, à paraître en automne 2021). Le débunkage est un néologisme qui désigne "un exercice qui consiste à prendre des déclarations et à montrer en quoi elles sont erronées ou trompeuses" (La Menace Théoriste, 2015). L'alunissage, les chemtrails, les antivaccins, le Covid-19… constituent autant de thématiques liées à la science, susceptibles de voir véhiculer des fausses informations et des théories du complot à leur sujet, et ont fait l'objet de vidéos de débunkage.
Notre analyse porte un corpus de cinq vidéos de ce format postées par des vidéastes vulgarisateurs sur YouTube en réponse à un "documentaire" mis en ligne sur cette même plateforme, La révélation des Pyramides, identifié comme conspirationniste (Karbovnik, 2017).
À travers une analyse sémio-pragmatique (Odin, 2011) et la notion d'ethos entendue comme l'image du locuteur dans le discours (Amossy, 1999, 2010), nous appréhendons comment ces vidéastes travaillent leur crédibilité et leur rapport à la vulgarisation, et créent des réseaux d'acteurs et de discours scientifiques en réponse aux fausses informations sur YouTube. L'objectif a été, à travers ces cinq vidéos, d'identifier les stratégies discursives déployées par le professionnel-amateur dans un environnement numérique. Dans la mesure où, sur YouTube, les productions sont majoritairement l’œuvre d’amateurs (Flichy, 2010) qui n’ont pas forcément de formation scientifique ou qui ne la mettent pas en avant, nous posons la question suivante : quelles sont les stratégies discursives mises en œuvre par les vidéastes de notre corpus afin de construire une image de vulgarisateur scientifique crédible et efficace sur YouTube dans la lutte contre les fausses informations ? ?De cette analyse est ressorti, entre autres, que les créateurs exploitent les mécanismes de la plateforme pour gagner de la visibilité face aux contenus de désinformation qu’ils dénoncent, et engagent les spectateurs qui, en tant que communauté, contribuent à la crédibilité accordée au youtubeur. Le rapport entre le vulgarisateur et son public s’inscrit dans une horizontalité qui correspond à l'interaction entre pairs à l'œuvre dans les médias sociaux. Les vidéastes se créent une image de personne ordinaire qui s'est spécialisée par la pratique et qui se situe sur le même pied que le public ; au sein de la plateforme, à des degrés divers certes, chacun est contributeur. C’est leur conception même de la vulgarisation, plus horizontale et conversationnelle, qui fait gagner une légitimité à ces vidéastes et qui les démarque des acteurs traditionnels de la communication scientifique. Cette présentation explore les pistes ouvertes par ces youtubeurs pour une éducation à l'esprit critique, face à la circulation de l’information scientifique dans un environnement numérique.
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