Adrien ROSSILLE, Institut Henri Poincaré, France
Vu de l’extérieur, pas grand-chose… Cinq personnes avec un casque étrange sur la tête, qui semblent regarder dans le vide. Un médiateur qui donne des explications sur un mystérieux « mouvement brownien » et une invisible « planche de Galton », et des participantes et participants qui suivent, se déplacent, font des gestes en l’air. Tout autour, un grand hangar, ou une salle de cours, mais rien qui évoque les mathématiques. Pour comprendre ce qu’il se passe, il faut mettre un casque HoloLens, comme une sorte de grosse paire de lunettes avec des écrans, qui se chausse au-dessus du nez. Et vue de l’intérieur, l’expérience est toute différente : les lunettes permettent de visualiser de grands objets virtuels, en trois dimensions. Même si la salle est sombre, par les lunettes tout s’éclaire. Ces objets virtuels, on peut s’en rapprocher, s’en éloigner, tourner autour, cliquer dessus avec ses doigts, … Mais surtout, ces lunettes permettent de garder une vision de la réalité : on voit les autres participantes et participants à l’expérience, et ce médiateur qui nous guide dans cet univers augmenté. Le contenu aussi s’éclaircit, car les hologrammes dans le casque illustrent le mouvement brownien, la planche de Galton, et tous ces concepts tantôt mathématiques tantôt physiques que l’expérience amène à découvrir. Cette expérience mystérieuse mais fascinante, c’est Holo-Math.
Cet exposé présente en détails l’exemple de l’expérience Holo-Math pour questionner plus globalement les usages des réalités augmentée et mixte pour la médiation scientifique et culturelle. Il propose un état des lieux des différentes technologies proposées et de leurs applications déjà existantes sur des projets de diffusion de la culture scientifique, en France et à l’international. Il offre aussi une comparaison entre des projets qui sont parfois confondus mais pourtant de natures bien différentes, entre réalités augmentée, mixte et virtuelle.
Cette communication a ainsi pour objectif d’ouvrir les réflexions et discussions sur la pertinence de l’usage des technologies innovantes pour les musées et centres de sciences. Différents exemples présentent leurs atouts – entre affranchissement des contraintes du réel, immersion, interactivité, mais aussi poésie et émerveillement – mais aussi leurs limites : technologiques, logistiques et financières bien sûr, mais aussi en termes de contenu de médiation. L’exposé conclut sur l’intérêt de la réalité mixte pour remettre au centre de l’expérience de médiation scientifique le médiateur ou la médiatrice lui-même ou elle-même, élément central de telles expériences, au-delà même de leurs innovations techniques.