Régine DONDON, Laboratoire COVACHIM-M2E / Université des Antilles, Guadeloupe
Muriel SYLVESTRE, Laboratoire COVACHIM-M2E / Université des Antilles, Guadeloupe
Gerardo CEBRIAN-TORREJON, Laboratoire COVACHIM-M2E / Université des Antilles, Guadeloupe
Le jardin créole aux Antilles est un aménagement rural qui a traversé l'histoire de ces territoires depuis l'époque amérindienne, et résisté aux changements des modes de vie, notamment les choix alimentaires et la pratique d'activité physique. C'est un espace organisé selon des règles définies, qui offre non seulement un approvisionnement alimentaire, mais aussi le maintien de l'activité physique, du lien intergénérationnel, de la mémoire collective, et qui s'inscrit dans la demande sociétale de réduction des déchets, de préservation des ressources naturelles, d'approvisionnement en circuits courts, d'où l'intérêt du locavorisme et des pratiques agroécologiques propres à cet écosystème. Le recours aux méthodes préventives ou curatives alternatives se traduit par l'usage de plantes médicinales pour l'entretien de la santé ou les maux bénins bien identifiés. Le potentiel scientifique de ce patrimoine n'est pas totalement connu, à l'instar des dynamiques agroécologiques, de la caractérisation physicochimique, pharmacologique, organoleptique et nutritionnelle des plantes médicinales et ressources vivrières. Aux Antilles, le jardin créole a depuis longtemps conquis les espaces sociaux, notamment scolaires puisque nombre d'évènements culturels sont organisés autour de cette thématique, moult élèves découvrent au sein de leurs établissements les enjeux de cette pratique culturale dans le contexte pédoclimatique propre à ces territoires. Dans des sociétés où la ruralité est une valeur structurante et une réserve d'emplois, où cette ruralité a historiquement souffert de la survalorisation de la culture citadine et des opportunités socioéconomiques qui lui sont rattachées, où la culture en sciences exactes est faiblement représentée, il était important de proposer un volet de culture scientifique inscrite dans l'EDD, à visée didactique pour les enseignants des premier et second degrés, à visée pédagogique pour les élèves des cycles 2, 3 et collégiens, et la société dans son ensemble. Il s'agit de mettre en exergue des savoirs scientifiques issus du jardin créole, et leurs fonctions de réponses à des problématiques dans plusieurs champs dont les sciences de la vie et de la terre, les sciences chimiques, pharmacologiques et physiques, ainsi que l'alimentation et la santé. Le choix judicieux des ressources alimentaires locales peut exercer un effet mélioratif sur certaines pathologies chroniques. Des plantes médicinales agissant aussi sur de nombreux maux, le recours contrôlé, scientifiquement documenté à ces ressources naturelles est une sécurisation de pratiques traditionnelles et leur enrichissement par de nouvelles données. D'ailleurs, la distinction de quelques plantes médicinales antillaises par leur inscription dans la pharmacopée nationale encourage leur valorisation dans le maintien de la santé et du bien-être, ainsi que le renforcement de la recherche phytochimique et de la communication scientifique autour de ce pan singulier de biodiversité.