Barbara HOUBRE, Université de Lorraine, France
« Moi la vérité je parle ». La vérité peut-elle être la fin propre de la science ? Voilà en substance la place à laquelle cette dernière est convoquée depuis le début de la crise insufflée par le SARS-COV-2. Si la science peut s’enorgueillir de ses rapports à la vérité, et à travers elle, trouver sa valeur, n’oublions pas que culturellement sa constitution vient répondre à l’incertitude qui s’inscrit dans l’expérience vécue. Face à la contingence de l’existence et à l’angoisse, l’homme a déployé diverses réponses. La science trouve alors sa place à côté d’autres, comme la religion ou les courants spiritualistes. Ce rappel nous permet de saisir comment l’instrumentalisation de la science peut l’élever à une place où la croyance, qui lui est intrinsèquement liée, serait évacuée. La certitude découle pourtant de la connaissance mystique, l’évidence de la spéculation philosophique et la non-contradiction de l’exigence empirico-rationaliste. Le refuge dans la méthodologie, autre aporie encore récemment dénoncée par Ioannidis, peut conduire à mutiler gravement le réel. En interrogeant presque exclusivement l’acte de production du savoir au détriment de son origine, les présupposés (conceptions de l’homme ou du monde) sur lesquels il s’appuie sont éludés. Chaque progrés de la science ou chaque subversion qu’implique un changement de paradigme comporte pourtant un trait d’anthropomorphisme que soulignent le théorème de Pythagore, le boson de Higgs, ou l’équation de Schrödinger, jamais nommés sans leur créateur. Sans entrer dans différents débats épistémologiques, nous aborderons dans notre exposé, à partir de l’éclairage que peut nous offrir la psychanalyse, (1) la question de la croyance dans les sciences, (2) la notion de vérité et sa place dans le champ de la parole, et enfin (3) la distinction entre savoir et vérité. Nous discuterons de la possibilité de la science, dans le contexte du SARS-COV-2, de souffrir d’avoir la vérité comme cause et de la réduction dans les sciences modernes, de la réalité à la vérité.