Le Jardin des énergies du Musée Electropolis : une expérience muséographique innovante sur la transition énergétique

  Kuntz DAMIEN, Musée Electropolis, France

Le musée Electropolis, plus grand musée d’Europe consacré à l’électricité, reçoit une demande forte pour traiter les sujets de la transition énergétique, l’énergie nucléaire et les énergies dites nouvelles. Dans ce débat complexe, le musée constitue donc un lieu de repère avec un « capital confiance » important.
Mais face à cette demande précise du public, il sort de sa zone de confort : Il traite de questions controversées, de problèmes contemporains et futurs alors qu’il est davantage habitué à traiter le passé et ses collections dans le domaine posent souvent problème.
C’est dans ce contexte que se développe le projet de « Jardin des énergies » du Musée Electropolis, un jardin de 20 000 m2 dans lequel sont exposées des machines destinées à la production et au transport d’électricité, datant de 1910 à nos jours, et dans lequel le musée se propose de développer la thématique des enjeux actuels et futurs de la production d’électricité en France.
Parler de l’électricité aujourd’hui avec des machines d’hier peut poser question. Or les modes de production de l’électricité aujourd’hui sont fondamentalement les mêmes qu’il y a un demi-siècle, voire plus d’un siècle pour la plupart d’entre elles. La production d’électricité peut donc aussi se raconter comme l’évolution non pas seulement des techniques, mais aussi de la société (évolution de la consommation, acceptabilité sociale, prise en compte des paramètres environnementaux….).
L’approche du Jardin des énergies du Musée Electropolis pourrait se synthétiser ainsi : « comment le mix énergétique français est en train d‘évoluer vers des productions d’électricité plus décarbonées ». Bien que très contemporaine, cette approche prend bien en compte l’histoire, en l’occurrence une histoire en train de se faire.
Elle ne présente pas de « vieilles » ou de « nouvelles » sources d’énergie électrique ou de « bonnes » et de « mauvaises », mais développe l’idée qu’il n’y a pas de source d‘énergie parfaite. Elle sort donc de la caricature « pour ou contre » pour montrer la complémentarité des énergies, expliquer la notion de mix énergétique et le rôle du système électrique dans cette transition.
L’un des fils conducteurs du jardin est un jeu en réalité augmentée. Chaque borne de jeu, consacrée à une énergie, se termine par un QCM sur le mix énergétique. Chaque réponse n’est pas impactante sur le jeu mais représente un choix personnel possible. Elle est ensuite commentée, sans aucun jugement. Une place est également faite à l’évolution des usages afin de montrer que chacun occupe une place signifiante au sein du système électrique.
L’approche proposée par le Musée Electropolis place en son centre le visiteur-citoyen, en l’occurrence « consomm-acteur » d’électricité.