Dialogue entre les parties prenantes : un levier dans la mutation de la science chahutée par l’anthropocène

  Danielle MITJA, IRD, France
  Anne COUDRAIN, IRD, France
  Olivier BARRIÈRE, IRD, France
  Angélique BÉGUE, Université de la Réunion, Réunion
  Marie Paule BONNET, IRD, France
  Sylvain CUBIZOLLES, Université de la Réunion, Réunion
  David GILBERT, IRD, France
  Eric DELAÎTRE , IRD, France
  Jean Michel DELAPLACE , Université de la Réunion, Réunion
  Nadine DESSAY , IRD, France
  Jean François FAURE , IRD, France
  Carmen GERVET , Université de Montpellier, France
  Matthieu LEDUFF , Centre Universitaire de Formation et de Recherche, Mayotte
  Esmeralda LONGÉPÉE, Centre Universitaire de Formation et de Recherche, Mayotte
  Parwine PATEL , Université de la Réunion, Réunion
  Véronique ROUSSEAU , IRD, France
  Catherine SABINOT , Université de Nouvelle Calédonie, New Caledonia
  Carlos SAITO HIROO , Université de Brasilia, Brazil
  Anne Sophie TABAU , Université de la Réunion, Réunion
  Fabrice VIALE , Université de la Réunion, Réunion

Face aux crises de l’anthropocène - des conditions climatiques à la santé, en passant par la biodiversité - la science doit explorer de nouveaux horizons pour développer des savoirs sur les « à venir » inédits, savoirs nouveaux ou existants mais délaissés. Face à l’urgence de la situation actuelle, elle doit stimuler la capacité projective des sociétés quant à leurs contraintes, leurs choix et leurs actions. Dans le courant des sciences impliquées et de la science de la durabilité, éthiquement incontournables, nous avons créé au sein de l’UMR ESPACE-DEV en septembre 2020, un groupe de réflexion sur « science et société civile » rassemblant des membres de l’IRD et des universités de Montpellier, Nouvelle-Calédonie, La Réunion, Mayotte et Brasilia. Ce groupe interdisciplinaire réunit des acteurs de la recherche en écologie, hydrologie, géographie, histoire, santé humaine, droit, géomatique, anthropologie et communication qui souhaitent que tout ou partie des résultats de leurs travaux puissent être connus et utilisés par la société civile. Les populations locales sont impliquées dans les projets portés et conduits par le groupe : soit uniquement en donnant leur consentement à la réalisation de la recherche sur leur territoire, soit en participant aux travaux définis par les chercheurs, voire à la co-construction de ces projets. Le dialogue entre science et société civile, peut donc être vertical, comme lors de la restitution des résultats de la recherche, ou horizontal lors de la participation à l’acquisition des connaissances. Le but de notre jeune groupe est de partager en son sein les méthodes déployées par chacun des membres dans des actions telles que : restitution des résultats, production de documents de vulgarisation ou de jeux, réalisation d’activités avec les scolaires, animation d’un suivi participatif des écosystèmes, co-construction de pactes territoriaux. Le groupe vise également à mettre au point des méthodes d’évaluation de l’efficacité de ces actions. Ces initiatives contribuent à la transmission de connaissances, sensibilisent à la gestion des risques et à la transition agro-écologique. Elles participent ainsi à la démocratisation du savoir et à l’autonomisation de ces populations en encourageant leur transition face aux défis auxquels elles sont confrontées. La pratique montre que ces liens entre science et société sont également aptes à mettre en lumière des informations inattendues, déterminantes pour l’interprétation des résultats de la recherche, pour l’orientation des travaux futurs et pour la valorisation de compétences des communautés face aux crises en cours. Ainsi, le dialogue entre les parties prenantes apparait comme une voie de ressourcement de la science. Ces exemples révèlent le potentiel de ce dialogue pour stimuler le « penser science » au sein de la « société civile » dans un contexte d’urgence sociale et environnementale.

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