Céline NGUYEN, INSA Lyon, France
Marianne CHOUTEAU, INSA Lyon, France
En 2015, Pablo Servigne et Raphaël Stevens popularisaient le concept de collapsologie grâce à la publication de leur ouvrage Comment tout peut s’effondrer. Petit manuel de collapsologie à l’usage des générations présentes. Ils y présentent la collapsologie comme l’étude de l’effondrement de la civilisation industrielle. Développée en France dans les années 2010, elle explore les tenants et les aboutissants d’un effondrement annoncé. Ce premier ouvrage marque le lancement d’une littérature abondante et la médiatisation progressive de ces idées. Si ce mouvement s’appuie sur des faits incontestables : crise climatique, énergétique et économique, destruction de la biodiversité, marque de l’espèce humaine de plus en plus prégnante sur la planète et des rapports scientifiques solides tels que ceux du GIEC, il véhicule aussi un imaginaire fort, voire extrême. En effet, ce dernier s’inscrit dans un registre apocalyptique : les besoins essentiels en eau, alimentation, énergie, etc. ne sont plus fournis à des prix abordables pour la majorité de la population causant ainsi la fin d’un monde. Quelques années plus tard, des chercheurs spécialistes des questions et des éthiques environnementales ont réagi à travers des articles ou des tribunes et ont émis un certain nombre de critiques.
Notre objectif n’est pas ici d’arbitrer. Nous souhaitons nous appuyer sur quelques ouvrages voire de sites labellisés « collapsologie » pour étudier leur production écrite sous l’angle du récit. En quoi la parole collapsologue mobilise la catégorie du récit et avec elle des imaginaires marqués ? On se demandera si la puissance de ce discours (et des critiques qui lui sont faites) ne provient pas justement de ces liens que nous supposons forts. Pour le dire autrement, il ne s’agira pas de prouver que la collapsologie est bien un récit mais d’utiliser l’angle du récit pour comprendre son fonctionnement, les critiques émises à l’encontre de ce mouvement et le cas échéant le « pouvoir paralysant ou performatif » de l’imaginaire véhiculé.
Aussi, à travers cette étude nous explorerons quelques voies d’entrées :